lundi 28 juillet 2014

Qu’est-ce qu’un BABI?

Votre enfant est ...

HYPERSENSIBLE
Le bébé aux besoins intenses a une conscience aiguë de son environnement; les changements le font sursauter facilement.
INTENSE
Il semble ressentir plus profondément toute la gamme des émotions et réagit plus intensément que les autres bébés.
EXIGEANT
Ce type de bébé exprime un sentiment d’urgence très réel dans les signaux qu’il envoie.
«POT DE COLLE»
Il a un besoin extrême de contacts physiques.
INDOCILE
Il déteste, en général, se faire emmailloter ou manipuler.
INSATISFAIT ET IMPRÉVISIBLE
Il est impossible d’apaiser le bébé aux besoins intenses de la même manière chaque fois.
«AFFAMÉ»
L’expression «horaire de repas» ne fait pas partie de son vocabulaire.
DORMEUR LÉGER
Il se réveille fréquemment et laisse rarement à sa mère le loisir de faire une petite sieste, qui serait pourtant bienvenue

Qu’est-ce qu’un BABI? C’est un bébé dont toutes les réactions semblent démesurées. C’est un nourrisson dont le sommeil est facilement perturbé, qui veut constamment être dans les bras de ses parents et qui supporte difficilement le bruit. Pour se rassurer, le BABI demande sans cesse le sein de sa mère ou une suce. Le concept du BABI a été créé par le pédiatre américain William Sears qui, à la naissance de son quatrième enfant, fut bouleversé de constater que toutes ses techniques éducatives échouaient avec ce poupon «difficile». Dans son livre The Fussy BabyBook, il fait la description détaillée des caractéristiques communes à ce type de bébés.
L’énumération ne donne pas envie d’en avoir un sous son toit: intense, hyperactif, exigeant, épuisant, imprévisible, jamais satisfait, etc. «Le phénomène a toujours existé, mais jusque dans les années 80, le bébé et ses besoins étaient très peu considérés», explique Joël Monzée, docteur en neurosciences et psychothérapeute.

BESOIN DE PEAU!
Le phénomène n’est pas encore reconnu officiellement par la communauté médicale. Si certains parents de BABI s’en désolent, Joël Monzée s’en réjouit. «Il serait dangereux de médi- caliser la chose. Sinon quoi... on va donner des anxiolytiques à nos bébés? Les BABI expriment juste un peu plus que la moyenne les besoins de tous les bébés.» Les BABI seraient des enfants qu’il faut simplement couver davantage. «Les premiers 18 mois, l’enfanta besoin de beaucoup de contacts corporels avec son adulte de référence, souvent la mère. Les récepteurs de la peau permettent de diminuer l’anxiété de l’enfant.» Pour Isabelle Challut, infirmière et accompagnante à la naissance, il est important de reconnaître les qualités des BABI. «Ce sont souvent des enfants très créatifs et intelligents. En répondant aux besoins du BABI, on lui permet de gérer son stress et de faire ressortir ses qualités.»

DES PARENTS DÉPASSÉS
Vivre au quotidien avec un BABI est déroutant et épuisant pour les parents, qui doivent consacrer tout leur temps et toute leur énergie à satisfaire un bébé insatiable. S’il n’y a pas d’antécédents de BABI dans l’entourage, les proches sont habituellement prompts à fournir des conseils et à critiquer les méthodes éducatives des parents: «laissez-le pleurer», «vous le gâtez trop», «il va devenir capricieux». Isabelle Challut propose de faire la sourde oreille à ces commentaires. «Ça devient toujours plus simple pour le parent lorsqu’il accepte de répondre aux besoins de son BABI plutôt que de s’y opposer. Il est prouvé qu’un bébé consolé apprend davantage à développer des ressources intérieures pour se calmer.»
Un constat que partage Joël Monzée. «Ici, on a la chance d’avoir des congés parentaux d’un an. C’est une invitation naturelle à prendre soin de nos enfants et à pratiquer un maternage de proximité.» Alors que certaines cultures favorisent le peau à peau, le cododo et le portage depuis toujours, ces tendances sont à peine émergentes chez nous. Selon le docteur Monzée, l’Église catholique, qui a longtemps condamné le contact physique, serait en partie responsable de la situation actuelle. «La façon dont on traite nos bébés est aussi en cause. On accepte de moins en moins d’être dérangé et ce sont nos enfants qui en paient le prix.»
À titre de fondatrice de Pleine lune, un centre de ressources en périnatalité, Mme Challut offre des cours de préparation à la naissance. Elle est frappée par les idées fausses des futurs parents. «La majorité des parents croient en- core qu’on doit apprendre à l’enfant à dormir seul, à devenir autonome, alors que la maturation neurologique se fait dans les cinq ans suivant la naissance de l’enfant.»
Pour accompagner un BABI, les parents gagneraient donc à explorer les différentes sources d’apaisement possibles: rester dans son champ de vision, lui parler. «Puis, vers trois ou quatre mois, on commence à ins- taller des délais dans la satisfaction des besoins, explique Joël Monzée.
On dit à l’enfant qu’on a entendu ses pleurs, qu’on viendra bientôt. L’enfant apprendra à se calmer au son de la voix de ses parents.» L’idée est d’apprendre à décoder le bébé et ses réactions.

CAPRICES OU BESOINS RÉELS?
«Un bébé qui pleure n’est pas capricieux, précise d’emblée Joël Monzée. Il manifeste un inconfort. À nous, parents, de le découvrir.» Le neuroscientifique recommande de consulter d’abord un médecin pour éliminer toute pathologie sérieuse, et ensuite, de prévoir des séances avec un ostéopathe, un physiothérapeute ou un chiropraticien pour régler d’éventuels problèmes corporels: torticolis, vertèbre légèrement déplacée ou trouble de digestion.
«Il faut retrancher les problèmes possibles.»
Pour répondre aux besoins psychologiques du bébé, il faut se décharger de la routine ménagère. C’est à ce moment-là qu’on doit demander aux grands-parents et à nos amis de préparer des repas, de passer l’aspirateur ou de faire une brassée de lavage pour nous. Et surtout, il faut cesser de comparer l’évolution de son BABI à celle des enfants du même âge. «Quand un enfant développe une maladie physique, les parents organisent leur vie en fonction des nouveaux besoins de l’enfant. Quand c’est sur le plan psychologique, on devrait faire la même chose», soutient Mme Challut.

  
 
Pour en savoir davantage sur le développement neurologique de l’enfant: La science au service des parents, par Margot Sunderland, aux Éditions Hurtubise, 288 pages, 34,95

http://www.yoopa.ca/psychologie/article/le-babi-caprices-ou-besoins1

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